DEPISTAGE DES "TROUBLES SPECIFIQUES DU LANGAGE ORAL ET ECRIT"

Lettre remise à M. CHAPUS, IEN chargé de l'AIS le 1er mars 2002

 

Monsieur,

Suite à la réunion du 28 janvier dernier, nous vous communiquons nos réflexions:

 

Les termes "dyslexie" et "troubles du langage oral et écrit" nous semblent tout d'abord susceptibles de confusion. Ils ne correspondent pas aux actuelles dénominations officielles internationales, et sont porteurs de significations connotées ou polysémiques.

 

REPERAGE:

Nous rejoignons sur ce sujet l'AFPS, à savoir que ce sont les enseignants les plus désignés pour "repérer" un enfant en difficulté. Le dialogue avec les personnels des RASED permet d'infirmer ou de confirmer ces observations.

 

PREVENTION:

La meilleure prévention reste celle que peuvent mettre en place ces mêmes enseignants de maternelle, I. DARRAULT parlait déjà de cette "prévention primaire" en 1990.

Encore faut-il qu'ils puissent bénéficier d'une formation initiale et continue de qualité dans les domaines du langage, de l'éducation motrice, de la pensée logique, etc...

D'autre part, les membres des Réseaux (c'est d'ailleurs une de leurs missions) s'emploient à mettre en place des actions de prévention, à travers des séances en petite, moyenne et grande section, depuis déjà quelques années.

 

DEPISTAGE:

Encore un terme qui, s'il est appliqué aux apprentissages, en véhicule une représentation simpliste...

Nous sommes tout à fait d'accord avec un bilan médical systématique pour les jeunes enfants (relevant de la PMI) et pour les 5-6 ans à l'école. Les médecins sont les plus compétents pour déceler des déficiences auditives, visuelles et autres. Nous sommes pour notre part vigilants sur ces problèmes, et orientons toujours les familles vers des examens médicaux, lorsque nous soupçonnons de telles difficultés.

 

Nous admettons volontiers que, lors des examens par les médecins scolaires, ceux-ci puissent avoir des avis autres que médicaux, issus de leurs observations. Et nous sommes tout autant disposés à les entendre, voire à les prendre en compte.

 

Mais, nous attirons votre attention sur plusieurs points:

- Les enfants sont souvent impressionnés par le médecin scolaire, personne qu'ils ne voient qu'une fois, et qui représente quelque chose de si important pour les adultes. Cela peut les amener à perdre une partie de leurs moyens. Il y a donc danger à juger un élève sur une seule situation, qui plus est stressante.

- les médecins peuvent également, donner aux familles, des indications d'aide "abusives". Par exemple, les orienter vers une rééducation orthophonique, sans savoir que les difficultés langagières de l'enfant ont une origine psychologique. Il peut arriver qu'ainsi, on aggrave le problème.

Ou bien encore proposer pour un élève une rééducation en lecture chez un orthophoniste, alors qu'il bénéficie déjà d'une aide à dominante pédagogique au sein de l'école.

- Il peut aussi exister un effet artificiel d'augmentation des demandes provenant des enseignants, etc...

 

Notre proposition concrète, permettant d'éviter ces effets pervers, est d'institutionnaliser une réunion de synthèse médecins / Rased /enseignants, chargée de recueillir les différentes informations sur les enfants concernés, et de choisir, en concertation, une solution adaptée. L'enseignant communiquerait ensuite aux familles la ou les propositions retenues.

C'est d'ailleurs ce que nous avions préconisé dans notre courrier à Monsieur l'Inspecteur d'Académie, l'an passé (voir document joint).

REMEDIATION:

Concernant les difficultés d'apprentissage du langage et de la lecture, elles sont multiples et constituent le quotidien des maîtres E. Le travail des orthophonistes est souvent proche de celui des pédagogues spécialisés que nous sommes. Les rééducations purement instrumentalistes de type "La Cigale" ne paraissent pas constituer une panacée, ces entraînements et exercices étant connus et ayant montré leurs limites.

Souhaitant que ces quelques remarques alimentent positivement la réflexion, nous vous prions de croire, Monsieur, à l'expression de nos sentiments les meilleurs.

 

Le Bureau AME 49