TRAVAUX , RECHERCHES Article communiqué à H.BOUCHAFA dans le cadre de ses travaux de recherche sur une meilleure compréhension des difficultés de lecture . CORRELATION LECTURE ET ESTIME DE SOI . Je me suis intéressée à la manière dont les élèves en difficulté percevaient leur scolarité : beaucoup d’élèves arrivent au réseau d’aides parce qu’ils ont une mauvaise image d’eux-mêmes .Sans imputer la faute à personne ,certains élèves ne réussissent pas en classe parce qu’ils utilisent mal leurs connaissances . Certains instituteurs pensent qu’il faut souvent reprendre les mêmes notions , rabâcher pour que les élèves finissent par mémoriser alors que pour les bons élèves ,une seule fois suffit pour comprendre, mémoriser et appliquer même en dehors de l’exercice d’application . La question fondamentale me semble donc : à partir de quel moment un élève est-il assez sûr de lui pour penser qu’il sait ? Quand peut-on le laisser rejoindre sa classe sans risque de se tromper ? Quels sont les mécanismes qui peuvent faire évoluer cette notion ? LE DEBUT DE LA PRISE EN CHARGE . Quelquefois les élèves arrivent au RASED avec une sorte de soulagement , ils se sentent en décalage dans la classe et ont envie qu’on en tienne compte . Quelquefois c’est plus difficile , les enfants se sentent tellement dévalorisés qu’ils se classent d’emblée dans la catégorie des mauvais élèves dont ils pensent ne pas sortir . Les enfants du cycle 2 sont trop jeunes pour exprimer cela avec des mots de manière explicite . Toute leur attitude au contraire tendra à prouver qu’ils sont à la hauteur , qu’ils se débrouillent quitte à utiliser des façons de travailler stéréotypées, à copier sur les voisins , à utiliser des subterfuges pour faire croire à la maîtresse qu’ils sont dans la catégorie des bons élèves . Pour eux , cette notion de bon ou mauvais élève est corrélée avec une bonne ou une mauvaise relation affective à la maîtresse. Une partie du travail du maître chargé de l’aide spécialisée à dominante pédagogique consiste à utiliser des activités détournées ( jeux , théâtre )pour que les élèves , faisant l’expérience de la réussite , puissent par la suite réinvestir les apprentissages dans la classe . Pour apprendre , il faut consentir à penser qu’on ne sait pas , qu’on en est pas un mauvais élève pour autant . Certains élèves ont peur de cette vacuité , la panique les saisit face à un exercice impossible . Dire qu’on ne sait pas , consentir à accepter qu’il y a là un vide , quelque chose d’insupportable qu’il faut masquer à tout prix fait que ces élèves ont un comportement aberrant qui n’est pas décodé par les enseignants et qui les irrite . J’essaie d’amener les élèves à accepter de ne pas savoir , à penser que , même les adultes ne savent pas tout et que c’est une situation normale . Une fois cette étape franchie , on peut essayer de comprendre ce que l ‘on peut faire pour apprendre . Souvent ,les apprentissages sont présents , mémorisés de manière mécanique , on les utilise quand le maître dit " vous savez bien " et fait référence à ce qui a été appris . De lui-même l’élève en difficulté n’utilise pas ce qu’il sait parce qu’il ne sait pas qu’il sait .
Cécile CLEMENCEAU .- Maître E - |